La selkie, retrouver sa vraie peau

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Quand j’ai commencé à participer à des ateliers conte, la professeure nous avait expliqué qu’originairement, les contes racontaient des événement du présent de leur public et non un passé lointain. L’histoire de la selkie fait partie de ces histoires, facilement transposables aujourd’hui.

Surtout, cette histoire a voyagé. Elle fait partie de ces contes voyageurs, qu’on retrouve dans différentes régions ou pays. Les peuples ou les communautés les modifient selon les convenances, mais gardent toujours avec une trame commune.

L’histoire de la selkie est une histoire de peuple-phoque, particulièrement d’une femme-phoque, d’un homme en recherche d’amour, de tristesse, d’enfants sauveurs et d’un retour à l’océan.

En effet, ce conte nous montre que c’est un long chemin pour retrouver sa vraie peau.

Selkie, nage

Histoire d’une femme-phoque

La selkie, c’est l’histoire d’une femme-phoque, à qui, un homme amoureux vole la peau. Sans elle, elle ne peut pas retourner dans les eaux de l’océan et  retrouver les siens, le peuple-phoque. Alors, elle se marie et met au monde des enfants, au sein d’une communauté humaine. Cependant, empêchée d’être elle-même, sans sa peau, elle plonge dans une tristesse insondable.

Son mari, qui avait trop peur de la perdre, a caché la peau. Un jour, un de ses enfants, attristé de la peine de sa mère, met tout en œuvre pour lui rendre sa peau de phoque.

Il la retrouve et rend la peau de sa mère, qui retourne à l’océan. De sa mère, il hérite un don pour la musique. 

Un conte voyageur

Ce conte a voyagé le long des côtes de la mer Celtique jusqu’aux Inuits, en passant par les îles Feroe.

En effet, la première version que j’en ai lu vient du livre “Femmes qui courent avec les loups” de Clarissa Pinkola-Estes. Je peux dire que certains contes nous suivent. Effectivement, la Selkie fait, pour moi, partie de ces contes.

J’ai, ensuite, découvert  la version des îles Feroe où la selkie est appelée Kopakonan. C’est l’un des contes les plus connus dans  cette région. D’ailleurs, les habitants de l’île ont élevé une statue en son honneur en 2014.

De toutes, la version Feroe est la plus dure  que je connaissance.
Après avoir retrouvé sa peau, la selkie retourne auprès des siens, de son mari selkie et de ses enfants selkies. Cependant, la chasse aux phoques était courante et une grande chasse est donnée où la famille de la selkie est tuée. On raconte, là-bas, que chaque naufrage, chaque noyade est une vengeance des selkies contre les chasses ayant eu lieu à leur encontre.

 

L’Irlande et l’Ecosse ont aussi leur lot d’histoires de selkies, similaires à la version innue, où la musique tient une grande place.

J’ai, également, trouvé une version bretonne, dans laquelle la selkie chante son désespoir de retour à l’océan, dans un chant d’une beauté qui chavire les coeurs des villageois.

Revêtir sa vraie peau

Depuis le livre “Femmes qui courent avec les loups” de Clarissa Pinkola-Estes, la selkie est devenue un personnage de la lutte pour l’égalité entre les sexes. Elle est un symbole de la  prise de conscience d’une meilleure répartition des tâches au sein du foyer et d’une certaine libération des femmes. Ce conte nous invite à revêtir notre vraie peau et à nous faire plaisir, en étant pleinement soi.  Il nous incite à oser être soi, que ce soit devant tout le monde, dans un groupe bienveillant ou seul.e. Après tout, les selkies se cachent des humains pour danser sur la terre ferme et se mouvoir avec leurs corps d’homme et de femme.

Cette légende n’est pas destinée qu’aux femmes. Elle se destine à tous, car il y a aussi des hommes selkie qui dansent et chantent. Nous sommes tous pris par des obligations, des injonctions, des responsabilités. Ces dernières ne sont pas forcément mauvaises. Nous en avons, parfois, besoin pour  nous ancrer dans la communauté. Parfois, nous avons, juste, besoin d’ouvrir le coffre, de ressortir notre  vraie peau et d’être soi. Un soi qui est dans la joie et qui se fait du bien.

Article de blog la selkie

Cette statue”Kopakonan”, nom feroe des selkies, se tient sur la bord de mer du village de Mikladalur. Erigée en 2014, grâce à l’artiste Hans Pauli Olsen, du haut de ses 2,60m, elle tient tête aux vagues, prête à résister à toutes les tempêtes.

Qu’importe où ils se trouvent, les selkies vivent, c’est sûr, là où les tempêtes sont fortes, là où les vagues se fracassent et où la brume les  dissimulent.

Et si vous souhaitez un peu plus de la magie de la selkie, la femme-phoque…

Je vous recommande le film d’animation “le chant de l’océan” de Tomm Moore. C’est vraiment une belle histoire pour les petits et le grands. Je vous recommande d’ailleurs tous ses films. Voici un lien vers la bande-annonce pour vous donner envie : Le chant de la mer – Bande-annonce – YouTube

film le chant de la mer de Tomm Moore
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